Adeline Constant, co-fondatrice de l’Atelier Constant Berger, membre du Cercle, nous raconte comment l’activité de pressoir et de micro-distillerie se développe à Battice, dans le Pays de Herve. Entre tradition familiale et passion pour une alimentation saine et respectueuse de l’environnement, découvrez leur contribution à l’économie circulaire.

Quelle est l’origine de votre projet ?
Après des études de gestion à HEC Liège, Léandre Berger et moi-même avons voyagé pendant un an pour découvrir l’Afrique, l’Australie et le Vietnam. Lors de nos rencontres et discussions sur place, autour d’un verre, il nous arrivait fréquemment de mettre en avant le panel de bières belges ainsi que le peket (ou genièvre) – moins connu – partie également intégrante de la tradition de notre pays. D’ailleurs, dans ma famille, on en produit depuis cinq générations ! En Afrique, il était rare qu’un passé familial remonte à plus de deux générations. C’est à ce moment-là que nous nous sommes rendus compte de notre chance, et que l’idée de faire perdurer cette tradition a germé en nous. Par conséquent, nous avons réorienté notre voyage autour de l’apprentissage de la distillation. De retour en Belgique, Léandre a suivi une formation dans ce domaine au musée du Genièvre à Hasselt et chez SYNTRA à Bruxelles.
Quelle est la touche personnelle, la particularité de votre projet ?
Léandre et moi sommes très sensibles à la question environnementale et dans notre vie de couple, nous tenons naturellement à veiller à notre impact ainsi qu’à quelques points d’attention tels que le zéro déchet, à consommer localement,… Par ailleurs, nous adorons tous les deux manger de bons petits plats. Quand on a l’occasion de goûter des produits cultivés dans le respect de la terre et des hommes, la différence se fait sentir directement en terme de saveurs ! À nouveau, notre voyage nous a permis de réaliser notre chance d’habiter sur cette Terre. Nous étions donc soucieux d’intégrer nos préoccupations environnementales directement au coeur de notre projet.
Comment avez-vous pu développer vos activités en lien avec vos valeurs ?
Comme Léandre a appris à distiller une autre base que le grain, il souhaitait travailler directement avec des fruits locaux et produits dans une optique durable. Même si nous avions certaines notions en arboriculture, nous avions besoin d’être accompagnés par des spécialistes. C’est dans ce cadre que nous avons rencontré l’ASBL Diversifruits pour développer nos connaissances techniques et comprendre ce qu’est un fruit, un verger résilient ainsi que la biodiversité que nous pouvions favoriser à travers un mode d’arboriculture durable – notamment via les vergers hautes tiges. En outre, l’accompagnement du VentureLab nous a aidé à créer un réseau et à fixer de bonnes bases pour la réalisation de notre projet. Notre premier employé, Pierre-Henri Jennotte, a d’ailleurs fait des études d’agronomie à la Reid et complète parfaitement l’équipe grâce à sa formation et à sa vision des choses qui pour nous est nouvelle.

Dans votre projet, vous intégrez aussi les citoyens. Comment et pourquoi ?
Si la partie environnementale est importante à nos yeux, la partie sociale l’est tout autant car elles sont intimement liées. À mes yeux, nous développons des outils de sensibilisation à la préservation de notre patrimoine environnemental. Grâce au pressoir, nous mettons à disposition nos machines et notre savoir-faire afin que toute personne intéressée puisse créer son propre produit. Lorsque chacun apporte les fruits de son verger pour produire des jus, le pressoir devient alors un lieu de rencontres et d’échanges où les personnes comparent leurs variétés et discutent entre elles.
Il semblerait que vous ayez une " recette magique ". Pouvez-vous la dévoiler ?
La plantation de vergers hautes tiges, des variétés anciennes naturellement résistantes à un environnement donné. Il faut donc moins les pulvériser qu’un verger basse tige. Ces arbres sont également de véritables puits de carbone car leur enracinement est nettement plus profond. Par ailleurs, étant donné la hauteur des arbres (12m), ce type de verger offre la possibilité d’être pâturé en dessous par des vaches laitières ou viandeuses. Les arbres vont leur donner de l’ombre et de l’humidité permettant à une vache laitière, par exemple, de produire 4 litres de lait en plus par jour ! En outre, ces arbres pourront s’intégrer dans une parcelle composée également de haies et d’herbes hautes, favorisant la création d’un écosystème et renforçant la biodiversité des lieux. Enfin, en matière de goût, il y a une telle diversité dans les variétés existantes que vous pourrez récolter des fruits incroyables pour cuisiner des compotes ou produire du cidre savoureux. Imaginons aussi une combinaison de pommes parfaite pour concocter un jus de pomme équilibré. Ce champ des possibles offre un panel de choix pour des transformations spécifiques de fruits, et c’est ce que nous recherchons à travers notre activité de pressoir, cidrerie et distillerie.

Quelle est votre plus-value en matière d’économie circulaire ?
Le rendement en moyenne pour une activité typique de pressoir est de 60%. Il y a donc 40% de résidus de très bonne qualité. Par exemple, un broya de pomme – il s’agit de la drêche – va permettre de nourrir du bétail, comme nous le faisons. Nous cherchons également des partenariats pour produire des biscuits avec nos résidus, cela se fait par exemple avec les drêches de bières. Il y a moyen d’exploiter ces résidus de plusieurs manières, s’inscrivant réellement dans l’idée d’une économie circulaire, tout en créant davantage de biodiversité, là où nous le pouvons.
Quelle(s) solution(s) souhaitez-vous apporter aux entreprises ?
Un de nos souhaits est de développer des partenariats avec des entreprises qui ont des parcelles de terre non-utilisées, et ce afin d’y planter des fruitiers permettant de favoriser ainsi la biodiversité des lieux et d’en récolter les fruits. Nous pouvons en outre approvisionner les entreprises et les écoles avec nos produits respectueux de l’environnement. À titre d’exemple, nous pensons à un partenariat avec la cantine durable d’HELMo et d’autres partenariats sont envisagés.
Phases du projet
- Sept. 2019 – Ouverture du pressoir
- Jan. 2020 – Ouverture de la distillerie
- Fin 2020 – Ouverture de la cidrerie
Prévisions sur 3 ans
- Jus de pomme : 100.000 l/an
- Cidre: 15.000 b/an
- Eaux-de-vie : 5.000 l/an
- Genièvre : 3.000 l/an
- 3 équivalents temps plein
Points de vente
- Vente en direct
- Épiceries locales
- Restaurants
Contactez-la de la part du Cercle : adeline@atelier-constantberger.be 📌
Article rédigé par : Mariel Engels
Correction et relecture : Sébastien Lewy